Il crée alors ses premiers sténopés (camera oscura) et des émulsions sur toiles. Sa créativité est multiple et touche à tous les domaines des arts plastiques. La photographie prend une grande importance dans son œuvre, à la fois comme medium en soi qu’intégrée dans des collages ou des créations multidisciplinaires. Il sculpte, il fait de la gravure, des collages, des assemblages, mais c’est la toile et le papier qui s’avèrent être ses supports de prédilection.

 

De son atelier de Paris, où il vit et travaille depuis 1980, Pietrantonio retrouve les souvenirs d’une enfance pleine de curiosité et d’éveil, dans le cadre tant aimé des sables d’Ischitella et du lac de Varano, au bord de la mer, dominés par le Monte Gargano. Il y accumule des échantillons de sables venus du monde entier - récoltés personnellement ou donné par ses amis – avec lesquels il créera des compositions uniques de sables naturellement colorés. La thématique marine est également présente dans les « reti » (filets), dont les premières datent de la période de ses études romaines. Il s’agit de filets de pêcheurs que l’artiste a ramassés sur les plages du Gargano. D’abord en cordage, les filets en plastique coloré y apparaissent dès le début des années ’80 et seront depuis lors présents sur ses toiles surtout comme empreinte, monochrome ou multicolore, seul ou superposé. 

Avec le temps, les « reti » évoluent et prennent des formes multiples mais restent des toiles marquées par le temps. Pietrantonio aime que ses œuvres soient réalisées lentement, avec des couches multiples de peinture à l’huile dont le séchage sur plusieurs années reflète une autre époque. 

​

Sa démarche se veut à la fois intemporelle dans son rythme lentissimo et contemporaine, dans la consommation extraordinaire de matériaux, dans l’accumulation exagérée qui correspond tant à la société d’aujourd’hui. Recueillir les infimes changements qui s’opèrent dans la durée : l'art de Pietrantonio est une forme d’archéologie actuelle, où il s'approprie les témoignages en voie de disparition de sa terre natale, les rendant à la postérité sous forme de poésies visuelles, fortes et vivantes ; c’est une course contre la montre à l’aspect de méditation. Dans l’antre de son atelier parisien, l'artiste crée un univers suspendu dans le temps, à la fois frénétique, chaotique et magnifiquement serein, habité par ses compositions et ses objets trouvés à Paris ou ailleurs. 

 

Synthèse entre l’Arte Povera qu’il voyait autour de lui dans sa jeunesse et les coloristes de l’abstraction italienne d’après-guerre, les    « reti » sont un peu de tout cela, en même temps que des œuvres très personnelles. Chaque oeuvre est aussi, sans détours, un concentré du soleil des Pouilles, celui qu’il ramène dans ses bagages au retour de chaque séjour dans son Gargano natal. 

​

 "Texte écrit par H. de Zàgon"  

  Biographie du site www.pietrantonio.com